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Renforcer son système immunitaire ? Des questions et des réponses

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Booster son système ? On aurait souhaité qu’il en aille autrement, mais, hélas ! il n’existe pas de solution miracle pour renforcer son système immunitaire, selon la plupart des scientifiques. En période de pandémie et de crise de santé publique, nombre d’entre nous auraient aimé se faire dire le contraire, non ?

Tout n’est pas noir, cependant. Il est possible, en adoptant certaines habitudes de vie, de nous assurer que notre système immunitaire fonctionne à son rendement maximal.

L’activité physique peut-elle contribuer à fortifier notre immunité ?
Oui… et non. Les gens qui sont en santé et qui ont une bonne hygiène de vie composent en général mieux avec les virus et les bactéries. Par conséquent, les personnes actives partent avec une longueur d’avance sur les sédentaires, selon le Dr Ciriaco Piccirillo, professeur au Département de microbiologie et d’immunologie de l’Université McGill. « Le sport stimule le métabolisme, en plus de favoriser la vigilance du système immunitaire, dit-il. Toutefois, ces bénéfices diminuent lorsque l’activité comporte un aspect de stress important, par exemple dans le cas d’un athlète professionnel. »

Les experts cherchent depuis plus de 20 ans la formule mathématique exacte pour déterminer le temps que nous devrions consacrer à la pratique d’un exercice physique. « L’idéal serait d’être en mouvement un minimum de 120 minutes par semaine. Cela inclut de prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur, ou de marcher fréquemment au cours de sa journée de travail. Dans notre mode de vie sédentaire, chaque minute compte pour améliorer notre santé », ajoute le Dr Piccirillo.

Ce que nous mettons dans notre assiette peut-il aider ?
Aucun aliment en particulier n’est susceptible de donner un coup de pouce au système immunitaire. Par contre, on peut l’aider à se maintenir au maximum de son efficacité « en diminuant notre consommation d’aliments transformés et en respectant le plus possible les recommandations du Guide alimentaire canadien », suggère Martin Guimond, professeur et chercheur adjoint au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de l’Université de Montréal.

L’assiette idéale ? Légumes et fruits devraient composer la moitié de celle- ci, les protéines (tofu, légumineuses, poisson, viandes maigres…), le quart, et les grains entiers (quinoa, riz brun, avoine…), le quart restant. Une telle alimentation aide à tenir à distance l’obésité et le diabète de type 2, notamment, deux conditions qui nous rendent plus vulnérables aux infections. « Les tissus des gens en surpoids subissent plus d’inflammation et sont donc moins résistants », indique Jean-Pierre Routy, directeur clinique au Service des maladies virales chroniques du Centre universitaire de santé McGill.

Pour nous aider, une seule méthode semble pour l’instant offrir des résultats prometteurs : le jeûne intermittent, qui exige de sauter le petit-déjeuner un jour sur deux, par exemple. « Quand on jeûne, le corps se met en mode récupération, comme celui des animaux qui hibernent, poursuit le Dr Routy. Cela permet à l’organisme de recycler les protéines au cœur des cellules et de diminuer l’inflammation dans les tissus. On constate des améliorations après aussi peu que trois semaines. » Le jeûne intermittent pourrait même renverser un diagnostic de diabète de type 2, selon plusieurs recherches récentes.

Le tabagisme est-il aussi néfaste qu’on le prétend pour nos défenses immunitaires ?
Comme on peut s’y attendre, les études en toxicologie ne sont pas tendres envers la cigarette. En plus d’être la cause de nombreux cancers, le tabac affecte nos défenses de première ligne. « C’est un peu comme si nous faisions entrer la pollution directement dans nos poumons, dit Martin Guimond. L’organisme est constamment en mode défense contre ce corps étranger, ce qui endommage les parois respiratoires. »

Cette réponse continuelle peut grandement amoindrir l’efficacité du système immunitaire contre un virus qui se logerait dans le système respiratoire.

Les conclusions sont-elles les mêmes pour la consommation de cannabis ? Difficile de le savoir pour l’instant, « Trop peu de recherches ont été réalisées jusqu’à présent pour appuyer cette hypothèse », mentionne le chercheur.

Bien des gens ne jurent que par les suppléments vitaminiques. Font-ils fausse route ?
Les vitamines comme les minéraux contribuent à la bonne santé de notre corps et de nos organes. Au pays, nous avons la chance de bénéficier d’une alimentation variée, qui permet en général de combler tous nos besoins en nutriments. « On peut tout de même choisir de prendre des vitamines. Mais il y a de fortes chances que ces dernières soient éliminées automatiquement dans l’urine », note Nathalie Grandvaux, professeure au Département de biochimie et médecine moléculaire de l’Uni- versité de Montréal.

En fait, sous nos latitudes, on doit surtout se soucier des carences en vita

mine D. Cette dernière peut être synthétisée par l’organisme à la suite d’une exposition aux rayons du soleil, ce qui nous manque parfois pendant les longs mois d’hiver. Mais avant de se précipiter à la pharmacie du coin, il est souhaitable de consulter son médecin. « Si on est vraiment en déficit, et qu’on ne prend pas la dose appropriée à ses besoins, le problème ne sera pas résolu », ajoute la professeure. Santé Canada recom- mande une dose de 600 UI de vitamine D par jour pour les adultes.

En période de stress, sommes-nous plus vulnérables ?
Quand on se trouve dans une période exigeante sur le plan physique, émotionnel ou psychologique, il devient plus difficile pour le corps de maintenir ses défenses en mode optimal. « Lorsqu’on est anxieux ou qu’on vit un choc, l’organisme produit des hormones qu’on appelle glucocorticoïdes », explique le Dr Piccirillo. Ces hormones ont beaucoup de propriétés positives quand elles sont émises sur de courts laps de temps. On les utilise même pour abaisser les défenses des patients qui subissent une greffe, afin d’éviter que le corps rejette celle-ci comme un élément étranger.

Mais quand le stress ne nous quitte plus, ces hormones ont des effets néfastes sur le système immunitaire. « Cela peut se manifester de différentes façons. Par exemple, certains étudiants voient des feux sauvages apparaître sur leurs lèvres en fin de session. C’est comme si le virus attendait le bon moment pour sortir de sa dormance », illustre le médecin.

Et qu’en est-il de l’insomnie ?

Les gens qui ont du mal à bien dormir sont plus vulnérables face aux maladies infectieuses, plusieurs études l’ont déjà démontré. « Le sommeil permet à toutes les fonctions de notre corps de se res- sourcer, de se remettre à l’équilibre. Il est essentiel à notre santé. Des relations complexes et réciproques existent entre le système immunitaire et le système nerveux central. Lorsqu’un d’eux est affecté, le second en ressent les effets », précise Nathalie Grandvaux.

Manger des aliments bios, est-ce un avantage pour mieux se défendre contre les infections ?
« Ce n’est certainement pas mauvais, mais c’est loin d’être une garantie », soutient le Pr Jacques Bernier, dont les recherches au Centre Armand-Frappier portent sur les perturbations du système immunitaire. Selon ce spécialiste, on ne peut pas vraiment éviter les pesticides… « Ils se déplacent par la nappe phréatique. Comme les agriculteurs ne peuvent contrôler ce que font leurs voisins, c’est très difficile d’atteindre le point zéro. »

Mais une chose demeure : toutes les classes de pesticides seraient nocives pour le système immunitaire. Santé Canada juge toutefois que ceux qui se retrouvent sous forme de trace dans les aliments ne sont pas dangereux pour la consommation humaine. « Certains pesticides modifient la réponse cellulaire, tandis que d’autres ont un effet sur la production d’anticorps. Un système immunitaire trop peu actif favorise les infections. À l’inverse, s’il l’est trop, il peut inhiber le fonctionnement normal des organes et aggraver l’état des malades, comme on le voit avec la COVID-19 », fait valoir le chercheur. La solution ? On garde cette nouvelle habitude de bien laver tous ses fruits et légumes en revenant de l’épicerie ou du marché.


Qu’est-ce qu’une réponse immunitaire efficace ?

Prenons l’exemple de la COVID-19. Quand le virus pénètre dans notre système respiratoire, il fait tout de suite face à un mur de cellules épithéliales, qui protègent notre corps de tout ce qui provient de l’extérieur. C’est la phase innée de notre système immunitaire, un processus qui se déclenche, peu importe le virus ou la bactérie qui veut s’en prendre à nous.

Dès que les cellules épithéliales commencent à être infectées, le corps fabrique des molécules spécifiques pour le mal qui nous affecte. Cette réaction est en général mémorisée par le système immunitaire, qui sera dès lors préservé des attaques futures du virus ou de la bactérie.

Or, dans le cas de la COVID-19, le système immunitaire réagit parfois un peu trop. « C’est un peu comme si on utilisait un canon pour tuer une mouche. Ce serait sans doute très efficace, mais cela pourrait causer des dommages collatéraux », explique le Dr Ciriaco Piccirillo, professeur au Département de microbiologie et d’immunologie de l’Université McGill.

Lorsque la réponse du système immunitaire est trop forte, cela peut entraîner des troubles importants dans les organes – les poumons dans ce cas-ci –, qui ne peuvent alors plus remplir leurs fonctions adéquatement.

« Un bon système immunitaire répond de façon active et efficace, mais sans que cela se prolonge dans le temps. Outre les remèdes médicaux, il existe très peu de solutions pour assurer cet équilibre », conclut Jean-Pierre Routy, directeur clinique au Service des maladies virales chroniques du Centre universitaire de santé McGill.

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