Prophète, l’auteur-poète-dramaturge islandais l’a d’abord été en son pays. Le roman LoveStar a fait sensation dans l’île volcanique en 2002 avant d’émerger ici. Une folle dystopie où le nerf optique humain a remplacé le sans-fil, où « aboyeur de publicité » est un métier, où le programme LoveMort envoie les défunts en orbite et où InLove calcule si deux êtres sont compatibles. Ce qui n’est pas le cas d’Indriði et Sigríður, très épris l’un de l’autre…
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1. Que mettez-vous dans votre café pour arriver à de pareilles idées ?
Des jeunes hommes m’ont appelé à ce sujet… LoveStar est vraiment un hommage aux idées. Je me suis beaucoup inspiré du folklore et de la mythologie. De Calvino, Vonnegut, Borges, Brautigan… De la pub, des sciences et de l’actualité. Et aussi d’auteurs de science-fiction est-européens comme Karel Capek et Mikhaïl Boulgakov.
2. En créant une entreprise qui améliore la société, LoveStar menace les droits individuels au nom du progrès et de la consommation. Cela reflète-t-il votre pessimisme envers la nature humaine ?
Peu après la chute du régime communiste en Roumanie, j’ai lu l’entrevue d’un directeur du marketing qui travaillait pour Coca-Cola. Puisque l’humain doit boire
deux litres d’eau chaque jour, disait-il, son but était que ces deux litres-là soient remplacés par du Coke. Je me suis demandé comment on pouvait se fixer des objectifs extrêmes et les atteindre. Je me suis interrogé également sur la nature des idées en lien avec le libre arbitre. Les idées ne seraient-elles pas plus proches d’un virus, qui se répand malgré notre capacité à faire des choix ?
La position de LoveStar est la suivante : « Si nous ne le faisons pas, quelqu’un d’autre le fera. » Je suis plutôt optimiste, mais je ne sais pas si, en tant qu’espèce, nous pouvons gérer nos idées et nos inventions sans que les choses tournent mal.
3. LoveStar a paru en 2002 et été traduit en anglais 10 ans plus tard. En français, après une sortie discrète au début de 2015, le voilà réédité par Alto et auréolé d’un Grand Prix de l’imaginaire 2016. Tout un parcours…
Au début, je craignais d’avoir manqué une chance en or. Mais mes livres préférés – Solaris (Stanislas Lem), 1984 (George Orwell), Le maître et Marguerite (Mikhaïl Boulgakov) –, je les ai tous lus bien après leur sortie. Alors, je me suis dit qu’il trouverait ses lecteurs. Il paraîtra bientôt au Japon, en Égypte, en Hongrie…
LoveStar, Andri Snær Magnason, Alto, 376 pages, 19 $
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